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Charles-Henri Gallois : « Nous allons investir toutes les thématiques qui préoccupent les Français »
Front populaire, le 10 mars 2024
Charles-Henri Gallois
Président de Reprenons le contrôle !
Front populaire — Votre mouvement Génération Frexit a changé de nom pour « Reprenons le contrôle ! ». Est-ce à dire que votre mouvement ne prône plus directement le Frexit ?
Charles-Henri Gallois — Depuis son origine, Génération Frexit a pour objectif d’obtenir un référendum sur notre appartenance à l’UE. L’objectif ne change pas. Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre notre action pour que la France reprenne le contrôle de son destin, de son économie, de son agriculture, de son instruction publique et de tous les pans de la vie publique.
Fr. Pop. — Ne craignez-vous pas que ce changement de nom soit perçu comme un aveu d’échec, presque un abandon métapolitique du terme « Frexit » ?
Ch.-H. G. — Génération Frexit et moi-même sommes déjà connus pour notre sérieux et notre crédibilité concernant la question de l’Union européenne. À l’image de mon premier livre, les Illusions économiques de l’Union européenne. L’écueil du nom Génération Frexit était de laisser penser que nous étions monothématiques sur la question de l’Union européenne. Or nous avons montré également ces derniers temps notre crédibilité sur la question agricole, énergétique ou migratoire ou sur les emprunts indexés sur l’inflation et la faillite de nos finances publiques.
Passer de Génération Frexit à Reprenons le contrôle ! permet de signifier surtout et aussi que nous allons investir toutes les thématiques qui préoccupent les Français et non pas uniquement celle de l’Union européenne. Au fond, le Frexit n’est qu’un moyen, pas un projet ou une fin en soi : le projet, c’est entre autres de reprendre le contrôle dont l’UE nous a dépossédés.
Encore une fois, l’habillage change mais la recette reste. Notre but est la fin de l’Union européenne.
31 % des Français sont favorables à un Frexit, ce n’est pas rien compte tenu que 100 % des grands médias y sont hostiles.
Fr. Pop. — À l’époque de l’alternance droite-gauche et du tango UMP-PS, le mot « Frexit » était porté par des partis influents comme le Front National de l’ère Florian Philippot. Depuis, le concept est quelque peu sorti de l’orbite de la politique nationale et de son champ lexical… sinon pour être brandi comme un repoussoir par l’extrême centre. Mais l’est-il vraiment ?
Ch.-H. G. — Le dernier sondage réalisé par Verian à la demande de Destin commun montre que 31 % des Français sont favorables à un Frexit, ce qui n’est pas rien. 56 % de l’électorat du Rassemblement national est favorable au Frexit, 45 % de celui de Reconquête et 41 % de celui de la France insoumise. Ce n’est pas rien compte tenu d’un contexte médiatique où 100 % des grands médias sont hostiles au Frexit et d’une manière générale aucun grand débat n’est organisé sur cette question.
Un sondage est un arrêt sur image à un moment T. Il faudrait voir quel serait le résultat après un référendum sur la question qui serait précédé d’un vrai débat. Nous avions commandé un sondage avant l’élection présidentielle 2022 sur la tenue d’un référendum sur notre appartenance à l’Union européenne. Le résultat était sans appel et très positif : 63 % des Français sont favorables à ce que ce référendum ait lieu.
Fr. Pop. — Dans votre ouvrage Énergie et immigration : reprenons le contrôle !, vous expliquiez que l’élection présidentielle ne pourrait se gagner sur le seul thème de la défense du Frexit. Pouvez-vous détailler, dans les grandes lignes, votre stratégie ?
Ch.-H. G. — Bien sûr. À court terme, je ne pense pas qu’on puisse gagner une élection présidentielle sur la question du Frexit. Pour la simple et bonne raison que 31 % n’est pas 51 % et qu’il n’y a pas de vrai débat sur cette question lors de cette élection qui serait de nature à faire évoluer l’opinion.
Lors d’un présidentielle, l’UE n’est hélas qu’un volet parmi d’autres au milieu de thèmes importants comme l’énergie, l’immigration, l’économie, l’éducation, etc. Même si de fait chacun des thèmes en question est lié directement ou indirectement à l’Union européenne, le déroulement de la campagne présidentielle fait qu’ils apparaissent tous éclatés et saucissonnés.
Je propose une autre stratégie, en trois temps, qui est viable, rassembleuse et inattaquable.
Par conséquent, je propose une autre stratégie, en sachant que 58 % nos compatriotes sont favorables à une Europe des nations.
Il s’agit d’une stratégie en trois temps, qui est viable, rassembleuse et inattaquable.
1. Je propose aux partenaires européens un nouveau traité qui remplace l’UE supranationale par une Europe des nations qui n’empiète pas sur la souveraineté des États.
2. S’ils acceptent, je fais valider le résultat par référendum, et c’est la fin de l’UE supranationale au profit d’une Europe des nations, respectueuse des souverainetés nationales. Si nos partenaires refusent, le référendum que je proposerai ne portera pas dès lors sur ce nouveau traité, mais directement sur notre appartenance à l’Union européenne.
3. Dans ce cas, si vous souhaitez que soit appliqué le programme pour lequel vous m’avez élu, il vous faut voter pour la sortie.
C’est inattaquable médiatiquement et politiquement, parce que le candidat propose un nouveau traité et un référendum sans prendre position en faveur du Frexit. À moins de se positionner comme antidémocrate (ce que n’assumeront ni les médias ni les européistes), nul ne pourra attaquer le candidat qui défendrait cette ligne sur la base de celle-ci.
A contrario, avec la position de parti pris pour la supériorité du droit national ou de désobéissances, comme le proposent maladroitement certains candidats, ils seront immédiatement accusés de vouloir le Frexit car l’UE, ce n’est rien d’autre que des traités et du droit.
Fr. Pop. — Un changement de nom à l’orée d’une période électorale, ce n’est pas anodin. Quel rôle entend endosser Reprenons le contrôle ! pendant les élections européennes ?
Ch.-H. G. — Je suis personnellement extrêmement déçu qu’il n’y ait pas une vaste union souverainiste pour ces élections européennes. Ne voulant pas jouer la division, je n’irai pas sur une liste.
Il faut que l’on discute au sein du nouveau Bureau exécutif pour savoir si nous soutiendrons une liste. Pour le moment, je ne vois par principe que celle des Patriotes et de Via puisque ce sont les seuls qui ont toujours cherché à faire l’union.
Le changement de nom n’est cependant pas lié à ces élections européennes mais est davantage pensé pour préparer l’après. Je pense malheureusement que le souverainisme va sortir de ces élections dans un champ de ruines. Il faudra nécessairement reconstruire notre camp sur des bases solides et crédibles, en donnant aux Français un cap clair et consensuel, tel que l’est Reprenons le contrôle !