Hausse du SMIC et du pouvoir d’achat ? Impossible sans quitter l’UE et l’euro !

À L’APPROCHE de chaque élection la plupart des formations politiques mettent à leur programme une revalorisation du SMIC. On assiste même parfois à une surenchère à qui proposera la hausse la plus forte. Qu’il s’agisse du PCF, bien entendu, qui veut un SMIC à 1 800 euros, ou du RN, qui, avant que le volet social de son programme ne disparaisse totalement au profit du volet identitaire, était favorable à une défiscalisation de 200 euros de cotisations sociales (ce qui augmente mécaniquement le salaire net), en passant par Arnaud Montebourg, qui souhaite une revalorisation du salaire minimum de 10 %, cette proposition fait son chemin, et même chez Les Républicains.

On se doute que cette proposition est à visée purement électoraliste, pour tenter de récupérer les votes des plus précaires. Pourtant, c’est bien cette catégorie, que tous cherchent à attirer, qui est la plus abstentionniste. Preuve sans doute qu’ils ne croient plus aux promesses qui leur sont faites et qui finissent toujours par être déçues.

Mais revenons-en à la pertinence d’une telle mesure. En l’état actuel des choses, quelles seraient les conséquences — positives et négatives — d’une augmentation du SMIC ? Nous en dénombrons six.

De prime abord, cette mesure paraît très utile.

1. Augmentation du pouvoir d’achat
Il est évident qu’une hausse du SMIC engendre de facto une hausse du pouvoir d’achat des salariés payés à ce niveau de salaire. Cette hausse se répercute aussitôt sur leur consommation et se traduit donc par une augmentation du pouvoir d’achat des ménages qui ont du mal à boucler leurs fins de mois en raison en particulier des hausses du prix de l’énergie et des dépenses contraintes.

2. Augmentation de la croissance
Cette hausse de la consommation entraîne une hausse du PIB. En effet 55 % du PIB est composé par la consommation des ménages. Par conséquent une augmentation du SMIC est bénéfique à la croissance.

De prime abord, cette mesure paraît donc très utile. Cependant, il existe une condition importante : encore faut-il que l’augmentation de la consommation et de la croissance qu’elle entraîne bénéficie d’abord à l’économie française.

Impossible dans le cadre de l’Union européenne, dont l’un des piliers est la libre circulation absolue des marchandises.

3. Orientation de la consommation
En l’état actuel des choses, si la hausse de la consommation améliore le PIB, elle engendre surtout une hausse des importations, parce que la France est complètement ouverte à la mondialisation et que son tissu productif s’est considérablement réduit. Ainsi cette hausse de la consommation ne profite pas pleinement à la croissance française mais rend notre pays encore plus fragile. Une solution serait de réindustrialiser le pays et de prendre des mesures incitatives et douanières qui favorisent l’écoulement de la production française. Malheureusement, cela est strictement impossible dans le cadre de l’Union européenne, dont l’un des piliers est la libre circulation absolue des marchandises.

4. Perte de compétitivité
Un autre effet néfaste de la hausse du SMIC est la fragilisation de notre outil productif puisque cela lui fait perdre en compétitivité. Il devient donc moins concurrentiel que les produits importés. Il se produit alors ce paradoxe : ce coup de pouce donné aux salariés met en fait un peu plus de travailleurs au chômage parce que les entreprises sont conduites à délocaliser leurs activités afin de conserver leur compétitivité. Et cet effet pervers est amplifié par l’euro. La monnaie commune est en effet surévaluée pour notre économie et elle ne reflète pas les fragilités de notre tissu productif, ce qui handicape fortement les exportations françaises.

Une solution pourrait être de limiter le salaire le plus élevé à X fois le SMIC.

5. Smicardisation de la société
Les coups de pouce au SMIC n’engendrent pas une hausse globale des salaires. En réalité, on constate des hausses de salaire plus fortes dans les catégories les mieux payées (mutation et revalorisation plus rapide) que pour les salariés peu qualifiés (rémunérés au niveau du SMIC). Ainsi chaque hausse augmente le nombre de personnes qui ne sont payées qu’au SMIC. D’autant plus que les exonérations de cotisations sociales sont concentrées sur les revenus proches du SMIC.

6. Creusement des inégalités
Depuis plusieurs décennies les écarts salariaux se creusent, et ce malgré les revalorisations du SMIC. Or ces inégalités provoquent un effritement de la société. Une solution pourrait être de limiter le salaire le plus élevé à x fois le SMIC (reste à déterminer le seuil et si sont inclus dans ce seuil les avantages en nature de toutes sortes). Toutefois en France notre système social permet de résorber en partie ces inégalités. Et, s’il existe d’importantes disparités entre les patrons du CAC 40 et les smicards, la différence entre le 1 % le mieux payé (le salaire moyen de ce 1 % est égal à 9 172 euros) avec le SMIC n’est pas si élevé. Mais un encadrement trop rigoureux conduirait à une fuite des compétences en raison de la concurrence internationale des grandes entreprises prêtes à payer le prix fort pour accaparer les compétences utiles. Ici encore, c’est l’Union européenne, par la libre circulation des personnes qu’elle encourage, qui empêche la mise en place de cette mesure nécessaire pour réduire les inégalités internes et faire en sorte qu’une hausse du SMIC profite à tous de la même manière.

Le relèvement du SMIC doit impérativement s’accompagner des mesures indispensables pour rendre cette hausse réellement efficace.

Conclusion
Tant que la France reste dans le cadre de la concurrence mondiale, du libre échange généralisé et de la monnaie unique que lui impose l’Union européenne, ces promesses d’augmentation du SMIC resteront des promesses démagogiques. Cette hausse est inapplicable pour une double raison. Pratique, d’abord : nous avons vu quelles en seraient les conséquences, néfastes, sur notre économie. Mais aussi légale : l’Union européenne, par l’intermédiaire des « grandes orientations des politiques économiques » recommande une absence de revalorisation du SMIC, laquelle a d’ailleurs  été particulièrement bien suivie depuis 2012.

Génération Frexit est favorable à un relèvement du SMIC. Mais cela doit impérativement s’accompagner des mesures indispensables pour rendre cette hausse réellement efficace. Cela implique donc :

1. L’abandon du principe nocif de libre circulation des biens, des capitaux et des travailleurs.
2. Le retour à une monnaie nationale, sur laquelle nous aurons un pouvoir d’ajustement.
3. Le plafonnement du salaire maximum.

Enfin, il faudra en parallèle adopter des mesures pour protéger l’offre et relancer la demande afin que la relance de la demande ne se traduise pas seulement en importations chinoises ou allemandes.

Tout ceci est bien entendu incompatible avec notre appartenance à l’Union européenne et à l’euro. Le Frexit s’impose donc comme la condition préalable à toute augmentation du SMIC et comme le meilleur allié du pouvoir d’achat des Français modestes.

Quentin BOURGEOIS
Commission Économie et Fiscalité

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