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Référendum en Nouvelle-Calédonie et Frexit : même combat ?
LA NOUVELLE-CALÉDONIE bénéficie déjà d’un statut lui garantissant une très large autonomie. Son rattachement à la France lui rapporte annuellement 179 milliards de francs pacifiques (1,5 milliards d’euros), ce qui représente environ 52 % de son budget. Pourtant, malgré cette forte dépendance financière, elle exerce sa souveraineté de façon assez large et vote ses lois dans bien des domaines.
L’apport de la métropole sur les plans humain, social, financier, culturel, stratégique et diplomatique, est réel et reconnu de tous. Cela se matérialise par les contrats de développement en direction des provinces et des communes, ou par les compensations financières à la suite des transferts de compétence (par exemple, pour l’enseignement secondaire public et privé, cela monte à 50 milliards de francs pacifiques annuels).
En retour, le rattachement de la Nouvelle-Calédonie à la France fait de notre pays le 3e producteur mondial mondial de nickel, métal stratégique, et contribue à élargir sa zone économique exclusive.
Cela correspond au cadre d’une coopération bien comprise et bénéfique aux deux parties.
Le handicap que représente l’UE pour la France se répercute sur la Nouvelle-Calédonie.
Au contraire, sous la tutelle de l’Union européenne, la France perd 9 milliards d’euros annuellement en moyenne et bientôt 11 milliards pour compenser le Brexit (sans compter sa contribution de 60 milliards d’euros au récent plan de relance européen). Et la France, non contente de payer, est encore dépossédée d’une large part de sa souveraineté au profit d’instances supranationales non élues, qui lui imposent, directement ou indirectement :
— une politique commerciale et diplomatique inadaptée,
— une monnaie trop chère pour elle,
— d’incessantes politiques d’austérité budgétaire,
— la destruction continue de ses services publics.
Notre rattachement à l’Union européenne représente donc un handicap majeur à notre développement. Et ce handicap se répercute sur la Nouvelle-Calédonie. À l’inverse, si la France optait pour le Frexit et s’émancipait définitivement de l’Union européenne, le gain, pour la Nouvelle-Calédonie comme pour la métropole, serait formidable. La France aurait plus d’argent pour aider tous ses territoires ultra-marins, dont la Nouvelle-Calédonie. Le fonds de développement serait maintenu, et vraisemblablement élargi. Par exemple, la subvention d’un billet d’avion annuel à 600 euros (soit 72 000 francs pacifiques) entre la Nouvelle-Calédonie et la France serait tout à fait envisageable.
En revanche, que deviendrait une Nouvelle-Calédonie indépendante de la France ? Elle disposerait de beaucoup moins d’argent. Aurait-elle alors les moyens d’exercer sa pleine souveraineté ? Pourrait-elle entretenir une armée et une police, exercer sa propre justice, battre monnaie (et quelle monnaie ?), nouer et entretenir des relations internationales équilibrées, assumer le salaire des fonctionnaires expatriés (magistrats, enseignants, cadres hospitaliers, administratifs) ? Plus profondément, disposera-t-elle des structures nécessaires à la formation des hommes et des femmes capables d’exercer toutes ces compétences ?
L’indépendance de la Nouvelle-Calédonie se traduira par sa soumission aux puissances régionales.
Toutes ces difficultés, presque insurmontables, ne se posent évidemment pas pour une France ayant fait le choix du Frexit. L’armée, la police, la justice, la Banque centrale, le Trésor public et l’ensemble de la fonction publique seront toujours là, parfaitement opérationnels.
C’est là une différence considérable. Alors que le Frexit permettra de redresser la France, il est plus probable que l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie se traduira à l’inverse par sa soumission rapide aux puissances régionales, en particulier à la Chine et à l’Australie, comme c’est le cas partout ailleurs dans le Pacifique. Après le départ de la marine française, qui protégera les côtes calédoniennes et les réserves marines, de la convoitise et du pillage des pêcheurs asiatiques chinois et vietnamiens ? Plus personne ne pourra défendre l’espace maritime du pillage des ressources quelle que soit la décision souveraine des Néo-Calédoniens. Une Nouvelle-Calédonie indépendante ne le resterait pas bien longtemps et ferait figure de proie facile.
En résumé : l’avenir de la Nouvelle-Calédonie est en France, mais l’avenir de la France et de la Nouvelle-Calédonie est hors de l’Union européenne.
Michel HANOCQUE
Résident de Nouvelle-Calédonie