Adhésion de l’Ukraine à l’UE : « C’est de la folie furieuse ! »

Alors que Volodymyr Zelensky s’est exprimé aujourd’hui devant l’hémicycle pour demander de l’aide et la solidarité de l’UE, les eurodéputés ont annoncé soutenir la candidature d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Des déclarations irresponsables selon le président de Génération Frexit, Charles-Henri Gallois.
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Front populaire, le 1er mars 2022
Auteur : Charles-Henri Gallois
Président de Génération Frexit

Front Populaire — Quel regard portez-vous sur la décision de l’eurocratie d’accepter, en pleine guerre russo-ukrainienne, la demande d’adhésion de l’Ukraine en lançant une « procédure spéciale » ?

Charles-Henri Gallois — Nous nous trouvons face à un énième épisode où l’Union européenne essaie de profiter d’une crise pour passer en force. Nous savions le Parlement européen illégitime (il n’y a pas de peuple européen et donc pas de démocratie européenne), nous le savons désormais irresponsable.

Que les choses soient claires avant de passer à l’attitude irresponsable de l’UE et de nos dirigeants, Vladimir Poutine est inexcusable en ce qui concerne l’invasion de l’Ukraine. La protection du Donbass pouvait à la rigueur se justifier pour protéger les populations séparatistes, qui sont sous le feu des Ukrainiens depuis 2014, mais l’invasion de l’ensemble de l’Ukraine constitue une violation claire du droit international. Je pense que c’est une erreur stratégique sur le long terme. La Russie avait acquis une légitimité et une crédibilité concernant sa politique extérieure du fait du respect du droit international face à l’OTAN qui n’a cessé de le violer au Kosovo, en Irak, en Libye ou en Syrie. Tout ceci s’effondre avec cette intervention que tout esprit nuancé doit condamner, comme il devait le faire lors de celles de l’OTAN.

La France entrerait de façon quasi automatique
en guerre face à la Russie, deuxième puissance militaire au monde et première puissance nucléaire.

Cette précision étant faite, nous avons des dirigeants qui semblent préférer jeter de l’huile sur le feu plutôt que d’œuvrer pour la voie diplomatique et la paix. Nous avons eu en quelques heures Jean-Yves le Drian, le ministre des Affaires étrangères, qui a agité la menace nucléaire, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, qui avance une guerre de l’économie, promet un effondrement de l’économie russe et la souffrance de son peuple et maintenant cette proposition du Parlement européen d’adhésion de l’Ukraine. Le tout à la suite d’une déclaration dans ce sens de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Nous sommes face à des irresponsables.

Il faut bien comprendre, au-delà de la catastrophe économique que constituerait cette entrée, qu’à court terme cela représente un danger d’engrenage mortifère pour la France. L’article 42 du traité sur l’Union européenne (TUE), alinéa 7, prévoit qu’« au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir ».

En d’autres termes, la France entrerait de façon quasi automatique en guerre face à la Russie, deuxième puissance militaire au monde et première puissance nucléaire avec près de 6 000 têtes nucléaires. C’est de la folie furieuse et cela ne contribue évidemment pas à une désescalade souhaitable.

Ce serait une véritable catastrophe économique pour la France.

F. P. — Quelles seraient les conséquences, à court et à moyen terme, d’une adhésion de l’Ukraine à l’UE ? L’adhésion, souvent jugée trop rapide, des pays de l’ex-URSS nous avait valu chômage et délocalisations…

Ch-H. G.À court terme, le risque de guerre totale serait là. À moyen terme, ce serait une catastrophe économique et sécuritaire pour la France. Il faut bien comprendre que la majorité des délocalisations ont lieu au sein même de l’UE et vers les pays de l’Est (55 %). Le salaire minimum en Ukraine est de l’ordre de 200 euros par mois (huit fois inférieur à la France ou trois fois moins qu’en Pologne) et il y a 44 millions d’Ukrainiens. Vous imaginez la concurrence déloyale, les travailleurs détachés, l’immigration et les délocalisations. C’est de la pure folie.

La contribution nette de la France au budget de l’UE continuerait d’exploser. Nous étions à 400 millions d’euros en 1999. Nous sommes passés à 7 milliards d’euros en 2011 après l’entrée des pays de l’Est. Nous sommes désormais à 13 milliards d’euros en 2021. Nous dépasserions allégrement les 16 milliards d’euros avec une entrée de l’Ukraine, si l’on se base sur ce que reçoit la Pologne, pourtant plus riche.

Ce serait une véritable catastrophe économique pour la France. Cela ne serait pas sans poser problème d’un point de vue de la sécurité. Les armes de ce terrain de guerre se retrouveraient très facilement dans nos cités. La différence de richesse amènera un flux migratoire colossal qui ne sera pas sans conséquence et il ne faut pas oublier non plus que ce pays est très corrompu et que de nombreux trafics y sévissent.

On devrait se borner à une assistance humanitaire, l’exigence d’un cessez-le-feu
et la recherche d’une solution diplomatique.

C’est typique de la décision basée sur l’émotion pure, mais contre les intérêts de la France. Tout le monde ne peut que compatir avec le peuple ukrainien, mais il faut savoir raison gardée. Cela serait une trahison totale de nos intérêts si le gouvernement français osait appuyer l’entrée de l’Ukraine dans l’UE.

Si tel était le cas, il faudrait espérer que d’autres pays s’y opposent au sein du Conseil européen. Il n’y a normalement pas de procédure accélérée pour un pays, mais on sait très bien que l’UE s’assoit sur les traités lorsque cela va dans le sens de plus d’UE.

F. P. — On a vu l’UE appeler à l’interdiction des médias russes, décider de sanctions financières ou encore réfléchir à fournir des armes à l’Ukraine avec les fonds des États membres. Selon vous, quelle responsabilité porte l’UE dans ce conflit ?

Ch-H. G. — On revient ici au passage en force de l’UE lors des crises. L’UE n’a pas du tout les compétences pour décider seule de l’envoi d’armes ou de l’interdiction des médias. Nous sommes proches du coup d’État de l’UE.

Il me paraît en plus totalement irresponsable d’envoyer des armes en Ukraine alors que le gouvernement ukrainien ne les donne pas uniquement à l’armée de métier, mais aux civils. Fournir une arme à un civil, c’est le transformer en cible. Cela ne va pas non plus aider à la désescalade puisque c’est se positionner clairement militairement contre la Russie. À mon sens, on devrait se borner à une assistance humanitaire, l’exigence d’un cessez-le-feu et la recherche d’une solution diplomatique.

J’ai vu qu’Éric Zemmour proposait l’envoi d’une mission avec Hubert Védrine et Nicolas Sarkozy. Je proposerais plutôt une délégation avec Hubert Védrine, Dominique de Villepin et Gérard Depardieu. Ils seraient plus crédibles et audibles qu’Emmanuel Macron dont on sait qu’il a une politique étrangère complètement alignée sur celle de l’OTAN.

Je suggérais à l’époque que la France assure
à la Russie qu’elle mettrait son veto à une entrée de l’Ukraine dans l’OTAN.

Il semble aussi totalement liberticide de censurer ces médias. RT France et Sputnik étaient pluralistes, offraient un débat contradictoire où l’on pouvait critiquer le régime russe et les journalistes français y effectuaient un très bon travail, notamment lors de la couverture des Gilets jaunes. Il est assez paradoxal de critiquer à juste titre Vladimir Poutine, mais d’utiliser les mêmes méthodes.

F. P. — Que pensez-vous de la manière dont Emmanuel Macron s’est comporté jusqu’à maintenant dans ce conflit ? Sa posture diplomatique est-elle à la hauteur de l’enjeu ?

Ch-H. G. —Je ne pense pas qu’il ait été à la hauteur. Il aurait pu éviter toute escalade et couper l’herbe sous le pied de Vladimir Poutine lorsqu’il échangeait avec lui courant février. La France est membre de l’OTAN, de telle sorte qu’elle a un droit de veto à l’entrée d’un nouveau membre. Je suggérais à l’époque que la France assure à la Russie qu’elle mettrait son veto à une entrée de l’Ukraine dans l’OTAN.

Malheureusement, cela n’a pas été fait. Cela n’excuse pas Vladimir Poutine, mais il aurait été coincé pour justifier cette guerre. Au lieu de cela, Emmanuel Macron n’a rien proposé de tangible, s’est targué d’engagements de la part de la Russie que le Kremlin démentait directement.

Il s’est fait par ailleurs humilier lors de la réception au Kremlin. Il est resté pour tirer la couverture médiatique à lui et se donner une stature présidentielle dans le cadre de la présidentielle, mais les usages auraient voulu qu’il reparte directement en France.

D’une manière générale, la voix de la France n’est plus respectée, car elle est totalement alignée sur celle de l’OTAN et de l’UE. Hormis pour la forme et pour l’apparat, pourquoi parler au président Macron si ce n’est pas lui qui décide in fine ? La France aurait infiniment plus de poids pour la paix si elle était indépendante et non alignée. Cela impose de reprendre le contrôle militaire et diplomatique en quittant l’OTAN et l’UE.

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