Fin de la ferme aux mille vaches : un symptôme disparaît, mais le mal demeure

Depuis le 31 décembre, la célèbre « ferme des mille vaches » a cessé son activité de production laitière. Certains s’en réjouissent, comme l’association Novissen, et d’autres le déplorent, comme la FNSEA. Mais, malheureusement, personne ne se pose réellement la question des causes profondes qui ont mené à ce projet. Ensemble, essayons d’y voir plus clair.
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Des vaches dans un pré (Pixabay)

TENTER de trouver les causes profondes qui ont abouti à la création de la « la ferme des mille vaches », c’est tenter de répondre à une cascade de questions découlant les unes des autres et qui aboutissent en fin de chute aux traités de l’Union européenne.

Première question, pourquoi des agriculteurs qui aiment leur métier et leurs animaux s’engagent-ils vers une croissance effrénée de leurs exploitations ? La réponse est connue de tous : la recherche de productivité. Ou, dit autrement, la rentabilité de leurs exploitations.

Et là commence la cascade. Mais pourquoi les exploitations plus petites ne sont-elles pas rentables ? La réponse vient naturellement : parce que les prix des denrées agricoles ne sont pas assez élevés (ici le lait, mais c’est également vrai pour les productions végétales). Ce qui pousse les éleveurs ou les céréaliers non seulement à se diversifier, mais aussi à rechercher les économies d’échelle. La ferme des milles vaches, par exemple, atteignait une taille critique pour pouvoir produire en parallèle du biogaz.

Les traités européens, cause des causes

Nouvelle question alors : pourquoi les prix des denrées agricoles sont-ils trop bas pour permettre à des exploitations de taille modeste de perdurer ? Parce que les prix des denrées alimentaires sont essentiellement fixés sur un marché sinon mondial au moins continental, et que ce sont des marchandises dont la demande est très peu élastique, ce qui les rend très volatiles. Une légère surproduction et les prix s’effondrent, une légère sous‑production et les prix s’envolent.

Dernière question donc : pourquoi laissons-nous nos productions agricoles, qui sont pourtant stratégiques, être ballottées ainsi par les marchés mondiaux sans réagir ? Réponse : parce que nous n’avons pas le choix, les traités européens nous y obligent. Nous devons accepter la libre circulation absolue des marchandises (article 26 et articles 28 à 37 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne) et la disparition de tous les mécanismes de stabilisation des prix agricoles (fin des quotas, fin des prix d’intervention, etc.) vus comme des entraves au libre-échange.

La PAC ne résout aucun problème.

Cela signifie donc, au bout du compte, entrer en concurrence avec le monde entier, y compris les pays dont les exigences sociales, légales, qualitatives et environnementales sont très inférieures aux nôtres. Et comme l’UE est un conglomérat de pays n’ayant pas du tout les mêmes intérêts, la PAC, qui aurait dû être l’outil de pilotage de l’UE, ne résout aucun de ces problèmes. Ne parlons même pas de la signature d’accords en totale opposition avec nos intérêts agricoles, comme l’accord de libre-échange avec le Mercosur, qui va encore aggraver cet état de fait.

Le modèle productiviste est une impasse mortelle

Dans cette situation, nos agriculteurs n’ont plus que deux solutions pour éviter la banqueroute : produire et produire toujours plus, ou basculer vers des segments de luxe (AOC, spiritueux, bio, circuits courts, etc.). Mais, en agriculture, produire toujours plus sans piloter les quantités produites conduit à des effondrements de cours (sans compter un énorme gâchis alimentaire et environnemental) et on ne construit pas une indépendance alimentaire avec seulement trois grands crus, quatre fromages AOC et deux AMAP, quand bien même les valeurs ajoutées y sont importantes.

Le Frexit est indispensable pour reprendre le contrôle de notre agriculture.

On le voit, le modèle productiviste, libéral et mondialiste tel qu’il est encouragé par le cadre rigide des traités européens entraîne toute l’agriculture française dans une course effrénée au profit. Sous l’effet de cette course, notre agriculture perd son âme mais également sa fonction première de ressource stratégique nationale. De plus, bien des agriculteurs sont littéralement abandonnés à leur sort, tragique pour nombre d’entre eux.

Décider ce que nous voulons produire, dans quels volumes et dans quelles conditions nous voulons le produire est l’enjeu à venir pour l’agriculture française. Et il est illusoire de penser relever ce défi dans le cadre de l’Union européenne, source du problème. Le Frexit est donc la première étape, indispensable, pour reprendre le contrôle de notre agriculture et la dégager de la pression qu’exerce sur elle la logique de marché. Ceci afin d’assurer notre indépendance alimentaire vis-à-vis du reste du monde et de garantir à nos agriculteurs un avenir pérenne et des conditions d’existence dignes.

Firass YASSIN
Commission Agriculture

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