« La voix de la France sous Macron n’est plus crédible », par Charles-Henri Gallois

Paris prévoit d’interdire l’accès des ports français aux chalutiers anglais après que les pêcheurs normands ont été interdits de mer par le Brexit. Un contexte qui s’enlise dans les négociations. “Front populaire” a interrogé à ce sujet Charles-Henri Gallois, président de Génération Frexit.

Front populaire
3 novembre 2021
Charles-Henri-Gallois,
Président de Génération Frexit

Front populaire — Depuis le Brexit, les tensions semblent ne faire que s’accentuer entre les pêcheurs des deux côtés de la Manche. Vous qui avez défendu le Brexit ardemment, comment analysez-vous cette situation ?

Charles-Henri Gallois — Cette situation était malheureusement prévisible pour quiconque avait suivi l’accord concernant la pêche. Cet accord a été très mal négocié par l’Union européenne. Pour résumer, l’accord prévoit que les pêcheurs de l’UE qui ont pêché dans la zone britannique pendant quatre années entre 2012 et 2016 peuvent continuer à accéder et à y travailler jusqu’en 2026. Or la flotte française est constituée de beaucoup de petits bateaux qui n’ont pas de système d’enregistrement. Ces bateaux ne peuvent donc pas prouver qu’ils pêchaient dans les eaux britanniques entre 2012 et 2016.

Les Britanniques appliquent strictement l’accord et refusent de leur donner une licence. Ils sont dans leur bon droit. Le problème ne vient par conséquent pas du gouvernement britannique, qui applique l’accord, mais bien de l’Union européenne, qui a négocié cet accord néfaste pour les intérêts français, et de notre gouvernement incompétent qui n’a rien vu venir et a validé l’accord en l’état.

F. P. — Que pensez-vous du traitement médiatique de cette affaire, côté européen ?

Ch.-H. Gallois — Les autres pays européens en parlent peu. La médiatisation est essentiellement au Royaume-Uni et en France. Et pour cause, la mauvaise négociation de l’UE touche principalement la flotte française : 40 % des licences françaises ont été refusées pour les raisons que j’évoque dans la première question (petite flotte sans système d’enregistrement) alors que globalement 90 % des licences demandées par les bateaux de pêcheurs de l’UE ont été acceptées par le Royaume-Uni. Les médias britanniques ne comprennent pas le chantage français, et les médias français n’expliquent jamais ce que contient l’accord ni pourquoi les licences sont refusées. La responsabilité de l’UE est totalement occultée par nos médias.

F. P. — Emmanuel Macron a renoncé à appliquer les sanctions brandies contre le Royaume-Uni et a repoussé les négociations à jeudi. Macron joue le dialogue, Johnson joue la fermeté. Qui a raison ?

Ch.-H. Gallois — Ce n’est pas très sérieux à tous les niveaux. Sur le fond, les menaces de couper l’électricité au Royaume-Uni ou de bloquer les marchandises étaient aussi irresponsables que contre-productives. Le Royaume-Uni est l’un des rares pays avec lequel nous avons un excédent commercial (12,5 milliards d’euros en 2019). C’est même le premier excédent commercial bilatéral français. C’est d’autant plus irresponsable quand on sait que le Royaume-Uni ne fait qu’appliquer strictement l’accord. Le soutien des autres membres de l’UE est d’ailleurs quasiment inexistant. On a encore l’impression que notre gouvernement sacrifie nos intérêts nationaux au nom du dogme de l’Union européenne. J’en veux pour preuve la lettre surréaliste de Jean Castex à Ursula von der Leyen où il ose dire : « Il est indispensable de montrer clairement aux opinions publiques européennes […] qu’il y a davantage de dommages à quitter l’UE qu’à y demeurer. »

L’ironie du sort est que Jean Castex admet entre les lignes qu’il n’y a aucun avantage réel et tangible à rester dans l’Union européenne puisqu’il faut artificiellement pourrir la vie au Royaume-Uni du Brexit pour tenter de convaincre les opinions européennes qu’il y aurait des avantages à l’UE ! C’est une sortie politique pour défendre l’UE. De même, sur la forme, une fois que l’on brandit des menaces, mêmes mauvaises, et que l’on se rétracte, on perd toute crédibilité. Cela rappelle les menaces après la perte du contrat des sous-marins avec l’Australie. Quelques semaines après nous avons vu Emmanuel Macron se coucher totalement et se faire humilier par Joe Biden. La voix de la France sous Macron n’est plus crédible.

F. P. — On parle d’eaux territoriales, de contrôles douaniers, de licences, de régulation. Sommes-nous de retour dans le monde très politique des intérêts contradictoires, si longtemps nié par l’idéologie post-politique européiste ?

Ch.-H. GalloisChaque pays est censé défendre ses intérêts dans cette affaire. On voit bien que le Royaume-Uni a toutes les cartes en main et peut être agile alors que la France est embourbée dans l’Union européenne, qui gère toute la politique commerciale et la pêche des États membres. Le Royaume-Uni, qui a repris le contrôle, peut défendre pleinement ses intérêts. Ce qui est fort regrettable, c’est que la France et le Royaume-Uni ont de grands intérêts communs au niveau de la pêche. Du fait du niveau de l’eau, la plupart des poissons naissent en France et vont ensuite vers les côtes britanniques à l’âge adulte. La pêche britannique est exportée aux trois quarts vers la France.

La France subit le même problème que celui qu’avait le Royaume-Uni : beaucoup de pêcheurs européens viennent pêcher dans les eaux territoriales françaises, ce qui la rend exiguë pour les seuls pêcheurs français. Tout est réuni pour avoir un bon accord bilatéral. Le problème encore une fois vient du fait que l’UE a négocié ce mauvais accord qui pénalise la France. Une France qui aura repris le contrôle par le Frexit pourra renégocier un bon accord bilatéral avec le Royaume-Uni et contrôler les ressources de ses eaux territoriales.

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