Le lithium : un exemple de l’avenir minier français

Toute industrie commence par l’extraction de matières premières. C’est ainsi que l’exploitation du charbon à partir de la fin du XVIIIe siècle a permis aux pays d’Europe occidentale d’entamer leur révolution industrielle. Nos mines de charbon ont depuis fermé, néanmoins l’enjeu reste le même : c’est dans notre sol que se trouvent les ressorts de notre redressement. La mine est un secteur d’avenir en France, et il est le moyen de coupler notre industrie aux exigences nouvelles que nous impose la transition énergétique.
L’Hexagone a bonnes mines !

PEUT-ÊTRE avez-vous entendu parler au cours de l’année écoulée, plus que de coutume, de géothermie, d’hydrogène, ou même de nouvelles mines sur le territoire français ? Notre sous-sol serait-il devenu un nouvel eldorado ? Il se peut en effet que les ressources souterraines de notre pays deviennent bientôt notre poule aux œufs d’or. La raison de cet espoir est à mettre sur le compte de la transition énergétique. Nous vivons une période de grande transformation et dans un contexte de réchauffement du climat causé par l’émission de gaz à effet de serre. Décarboner nos sociétés, grâce à de nouvelles technologies, représente par conséquent un enjeu majeur. Prenons l’exemple d’une pile à combustible, dispositif pouvant potentiellement remplacer un moteur à explosion. Elle ne rejette certes que de l’eau mais son fonctionnement ne se limite pas au travail d’un piston poussé par des gaz chauds.

Comme d’autres technologies de la transition énergétique (panneaux solaires, éoliennes…), ce nouveau procédé se heurte à une limite. Elle nécessite des ressources importantes en énergie, et surtout en métaux, souvent critiques. C’est-à-dire des métaux dont l’approvisionnement est fragile, ce qui peut menacer une part notable de toute l’activité économique d’un pays. On peut songer au cuivre, qui sert à tisser tous les câbles électriques. Or la disponibilité de ces ressources est restreinte : leur production est assurée par une poignée de pays, dont la Chine, qui détient par exemple un monopole à plus de 70 % des parts du marché du germanium et du silicium entre autres. La fabrication des batteries lithium-ion offre un autre exemple caractéristique de ce problème : la ressource devant actuellement être importée depuis des marais salants situés à l’autre bout du monde.

Afin que la transition énergétique soit enclenchée de la manière la plus souveraine et la plus respectueuse de l’environnement possible, il est par conséquent indispensable de s’assurer de la maîtrise de la chaîne de production des matériaux nécessaires à son avènement. Nous développerons ce point fondamental à l’aide de deux exemples.

Objectifs de ce renouveau minier en germe

Cet enjeu majeur est entré en concordance avec les projets des derniers gouvernements. Au printemps 2024, le gouvernement avait affirmé à plusieurs reprises sa volonté de réindustrialiser le pays. Après la crise du Covid-19, la relance de l’économie du pays, qui était et est toujours dans un état catastrophique, était espérée au moyen de cette politique de relocalisation des industries et des emplois sur le territoire français.

En vue de cet objectif, l’État sollicite fortement l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et le BRGM (Bureau des ressources géologiques et minières), des organismes qui combinent des missions de service public et un interventionnisme fort dans le développement économique.

Le BRGM sert à la fois d’expertise et de soutien technique aux entreprises du domaine minier, de même que de principal informateur de la population pour toute question d’ordre hydrogéologique. Sa sollicitation accrue par les services de l’État montre qu’un vaste mouvement est à l’œuvre pour renouer avec l’exploitation minière de notre sous-sol. Cette tendance s’est matérialisée, au cours de l’année 2023, par une vingtaine d’auditions parlementaires (contre seulement quelques-unes les années précédentes) ainsi que par plusieurs partenariats internationaux (Mongolie, Australie, Kazakhstan). Et cette frénésie va continuer à s’amplifier, sachant que le dernier inventaire complet des ressources minérales sur le territoire date des années 1980.

La France est à un moment charnière puisque nous connaissons une demande cruciale qui émerge rapidement et que nous avons toutes les cartes en main pour la satisfaire. Des centaines de millions d’euros ont été investis pour plusieurs projets concernant la mise à jour du potentiel minier du pays, et la main-d’œuvre n’est pas en reste ! Le BRGM compte élargir fortement ses effectifs : il a en particulier communiqué auprès des étudiants en école d’ingénieur à propos des opportunités liées à ces ambitions.

Émergence d’une industrie du lithium français

Ces ambitions minières se traduisent par deux projets visant à donner corps à une filière du lithium en France. Rappelons que ce métal est indispensable à la composition des batteries que nous utilisons dans les smartphones et les voitures électriques. Or la France a un potentiel important d’extraction de lithium, avantage d’autant plus déterminant à l’heure où la Russie semble avoir mis la main sur les réserves énormes — et encore inexploitées — de l’est de l’Ukraine.

Tout d’abord, la mine d’Échassières. C’est une mine de kaolin située dans l’Allier, à 30 km de Montluçon, dont l’objectif est d’exploiter les métaux piégés dans les micas d’une formation granitique. En vingt-cinq ans, l’entreprise Imerys prévoit de satisfaire une production de 30 000 tonnes de lithium en réponse aux objectifs théoriques de décarbonation de l’Union européenne.

Les méthodes employées dans la séparation des minéraux sont similaires à celles actuellement utilisées. C’est-à-dire que le risque associé est maîtrisé et que les besoins ont été précisément chiffrés dans le dossier du maître d’ouvrage.

La mine rejettera évidemment son lot de déchets, mais on peut espérer que l’application de la norme IRMA nous garantira des conditions élevées de protection de l’environnement. Il faut garder à l’esprit qu’il est illusoire qu’une mine puisse être en tout point « propre », toutefois ce haut niveau d’exigences doit nous permettre de ne pas sombrer dans des scénarios de pollution incontrôlée ainsi que le rio Tinto, en Espagne, en donne le triste exemple. Nous avons la capacité, expertise du BRGM en tête, d’exporter dans le monde un modèle de mine durable face à la recrudescence des besoins miniers.

À terme, le nord de l’Alsace pourrait satisfaire 10 % de la consommation annuelle française de lithium.

Autre lieu, mais cas de figure semblable : dans le nord de l’Alsace, la géothermie est exploitée pour produire de l’énergie et de la chaleur. Le site de Rittershoffen par exemple, alimente depuis 2014 le réseau de chaleur d’une usine agroalimentaire pour le séchage de céréales. Si nous ajoutons l’expérience acquise en parallèle avec la centrale de Soultz-sous-Forêts, cela fait une trentaine d’années que les profondeurs de l’Outre-Forêt sont étudiées en continu, avec ici aussi un risque associé faible. Le plus fort séisme induit n’a pas dépassé les seuils de sécurité imposés (inférieur à 2,5).

Ce sont les saumures géothermales qui contiennent le lithium, qui doit être purifié. Les entreprises Electricité de Strasbourg, ERAMET, et Viridian France travaillent sur ce sujet : la viabilité de cette exploitation du lithium doit être confirmée d’ici à 2026. À terme, la zone pourrait satisfaire 10 % de la consommation annuelle française de ce métal. De plus, un projet de parc industriel est en discussion : nous pourrions concentrer en un même lieu la source énergétique, les ressources nécessaires et une dynamique économique favorable. Le projet se heurte toutefois à une contestation des agriculteurs, en conséquence de l’expropriation d’une quarantaine d’hectare.

Conclusion

Ces projets de l’industrie minière sont clairement à encourager dans le cadre de la transition énergétique. Cependant, nous devons rester vigilants car car ils peuvent ouvrir à des litiges plus ou moins importants : les revendications des habitants et la sauvegarde environnementale. Les pouvoirs publics, de même que nous-mêmes, citoyens, devons impérativement converser un moyen de contrôle de leur transparence. Il ne faudrait pas tomber de Charybde en Scylla en remplaçant un modèle mondialiste par un modèle oligarchique, comme celui des républiques post-soviétiques.

Il faut garder aussi à l’esprit que le lithium est seulement un exemple : la liste est longue des ressources critiques que la France pourrait exploiter sur son sol. Le BRGM estime que notre territoire possède un potentiel minier encourageant, avec des sites d’importance d’ordre mondial pour plusieurs éléments chimiques, dont l’antimoine. En 2016, la production de ce métalloïde était encore à 75 % assurée par la Chine, qui détient de fait un quasi-monopole… susceptible d’être perdu à l’avenir.

Enfin, en plus de la transition énergétique et de l’objectif intermédiaire de réindustrialisaiton de la France, il existe un enjeu important sur le plan international par la réalisation et la promotion d’un modèle de mine durable, rentable et propre à la fois, susceptible d’être un produit d’exportation à très forte valeur ajoutée. L’industrie minière ne doit plus être vue avec la focale ringardisante et culpabilisatrice qu’on adopte encore trop souvent : il ne tient qu’à nous de la rendre moderne et attractive.

Néanmoins, cet objectif de faire de la France une grande puissance minière du XXIe siècle ne peut être atteint que si la volonté politique maintient ce cap sur une longue durée, sans quoi tous ces efforts seront vains. En première approche, une telle ambition semble incompatible avec le supranationalisme libéral à courte vue et le fédéralisme rampant prônés par l’Union européenne.

La défense de notre intérêt collectif passe aussi par la pleine maîtrise de nos ressources et donc de notre sous-sol.

Adrien WINDENBERGER
Membre de la commission Énergie
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