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L’inaction migratoire est un crime contre la sûreté des Français !
Front populaire, le 9 juin 2023
Charles-Henri Gallois,
Président de Génération Frexit
Front populaire — En l’état actuel de l’enquête, il semblerait que le principal suspect soit un chrétien d’Orient, et a donc a priori pas un islamiste. Que faut-il en conclure ?
Charles-Henri Gallois — On se fiche complètement de sa religion. La seule question importante, c’est : que faisait cet homme sur le territoire national ? Et la réponse est simple : rien. On n’est pas là pour faire l’exégèse d’une religion. La question, ici, n’est pas religieuse : elle est tout simplement migratoire.
Encore une fois, comme au moment de l’affaire Lola, comme ce qu’il s’est passé la veille du drame d’Annecy quand un chauffeur de bus, en Essonne, a été attaqué (encore !) par un homme sous OQTF qui n’avait donc rien à faire sur le sol français… Si ces personnes ne s’étaient pas trouvées sur le territoire national, il n’y aurait pas eu ces drames.
F. P. — Reste à savoir comment leur présence en France a été rendue possible…
Ch.-H. G. — C’est toute la problématique quand on parle d’immigration illégale — car c’est bien d’immigration illégale qu’il s’agit. Tout cela pose la question de la libre circulation des personnes dans l’Union européenne, et notamment du fameux espace Schengen. Abdelmasih Hanoun avait fait une demande de droit d’asile en Suède, qui l’avait acceptée. Il s’y était donc réfugié. Ensuite, à partir du moment où cette personne a le statut de réfugié dans un pays de l’espace Schengen, auquel appartient la Suède, elle peut donc circuler librement au sein de cette zone. Et au sein-même de l’Union européenne, puisque comme vous le savez, les compétences migratoires ont été très largement transférées à l’Union européenne depuis le traité d’Amsterdam de 1999.
Dans ce contexte, les conditions de circulations des personnes, notamment des demandeurs de droit d’asile à partir du moment où ils disposent d’un titre de séjour, leur permettent d’aller partout dans l’Union européenne et dans l’espace Schengen. Ce qui pose bien évidemment la question de la passoire migratoire qu’est l’Union européenne.
L’UE et la Cour européenne des droits de l’homme rendent quasiment impossible l’expulsion des illégaux.
F. P. — Schengen n’est pas l’UE, dans le sens où l’on peut appartenir à l’un sans appartenir à l’autre, et vice-versa. Les européistes anti-immigration (à la Giorgia Meloni) peuvent-ils remettre en cause la libre circulation sans faire de même pour l’appartenance à l’UE ?
Ch.-H. G. — Schengen est en effet un élément fondamental du problème de l’immigration illégale, puisqu’une personne qui arrive en Grèce ou en Italie, par exemple, en vertu des règles de l’espace Schengen, peut circuler en son sein sans aucun contrôle aux frontières des États, et peut arriver en France en quelques jours. C’est une passoire totale.
Maintenant, il est vrai que certains pays sont dans l’Union européenne sans être dans Schengen : c’est le cas notamment de l’Irlande. Et vous avec, a contrario, des pays comme la Suisse qui sont dans l’espace Schengen mais qui ne sont pas membres de l’Union européenne. Cela étant dit, la Suisse a des postes-frontières, et bien qu’elle appartienne à l’espace Schengen et que les contrôles ne soient pas systématiques, il y a des contrôles aléatoires qui sont réalisés.
Même si cela est très compliqué juridiquement puisqu’il s’agit d’un effet de cliquet — dans le sens où tout retour en arrière est difficile, pour ne pas dire impossible —, on pourrait se poser la question d’une sortie de Schengen sans sortie de l’UE. Mais quand on parle de l’immigration illégale, cela ne résoudrait qu’une partie du problème, pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas que la problématique de Schengen. Schengen facilite l’arrivée, mais j’ai envie de dire que même avec des frontières « en dur », vous pouvez arriver à vos fins et accéder à un pays de l’Union européenne. Et pour cause : l’UE et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) rendent quasiment impossible (ou en tout cas très difficile) l’expulsion des illégaux. Il suffit de regarder le taux d’exécution des OQTF : il est très faible. Il est très faible parce qu’il y a une lâcheté de l’État, qui ne met pas la pression sur les pays d’origine pour qu’ils récupèrent leurs ressortissants, mais ce n’est pas la seule raison.
Contrairement au mythe, l’immigration légale est très importante en Danemark — rapportée au nombre d’habitants, c’est deux fois et demie la France.
Il faut aussi regarder du côté de l’Union européenne et des barrières énormes qu’elle a mis en place. Notamment la fameuse « directive retour » qui date de 2008 et les arrêts qui en découlent (El Dridi, Sagor…), qui font que le fait d’être de façon illégale sur le territoire de l’Union européenne ne peut pas être sanctionné. Dans cette même directive, il y a également le fait que lors d’un premier arrêt d’un immigrant illégal, vous ne pouvez pas l’expulser si lui même ne fait pas la démarche volontaire de rentrer dans son pays.
Vous avez par ailleurs toutes les jurisprudences de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) et de la Cour européenne des droits de l’homme qui, là aussi, en réalité, empêchent les expulsions des immigrés illégaux ou des demandeurs d’asile qui ont été déboutés. C’est donc ça toute la problématique. À ce qui disent qu’il suffirait de sortir de la CEDH : ce n’est pas du tout suffisant puisque toute sa jurisprudence a été intégrée dans les arrêts aussi de la CJUE. De toute façon, les traités de l’Union européenne, notamment l’article 6 du TUE, intègrent les principes de la CEDH dans le droit-même de l’Union européenne.
Concrètement, dans la réalité, ça donne quoi ? C’est qu’au-delà même de Schengen, avec le droit européen, vous ne pouvez pas lutter sérieusement contre l’immigration illégale. Tout ceci est un sketch. Contrairement au mythe, l’immigration légale est très importante en Danemark — rapportée au nombre d’habitants, c’est deux fois et demie la France. Sous Meloni, l’immigration légale en Italie, c’est plus de 500 000 personnes par an. L’immigration légale explose aussi en Pologne en Hongrie…
Donc on voit bien que dans le cadre de l’Union européenne, de par les traités et notamment la directive sur le regroupement familial qui date de 2003 et qui est le principal pourvoyeur d’immigration en France sur le regroupement familial, vous ne pouvez pas lutter sérieusement contre. Vous ne pouvez pas réduire drastiquement ou réduire de façon significative l’immigration légale en France. On voit que toutes ces politiques anti-immigration, mais qui veulent s’accommoder de l’Union européenne, finissent à chaque fois par trahir et par être dépassés.
Les demandeurs d’asile, n’ayant souvent pas de papiers, peuvent donner n’importe quelle identité, et c’est invérifiable.
F. P. — D’après le protocole de Dublin, qui régit les demandes d’asile au sein de l’UE, les demandes ne peuvent être déposées que dans le pays par lequel est arrivé le candidat à l’asile. Or, le syrien Abdelmasih Hanoun, le principal suspect de l’attaque, avait déjà obtenu ce statut en Suède avant de faire la même demande en France… Bug isolé dans la matrice de Maastricht ou problème systémique ?
Ch.-H. G. — Pour ce qui est du protocole de Dublin, vous avez raison : normalement, en effet, si l’on respecte à la lettre le texte, il ne peut y avoir de demande de droit d’asile que dans le premier pays dans lequel la demande est faite, en l’occurrence, la Suède. Et le suspect a pu faire une deuxième demande en France. Cela devrait être impossible, mais vous savez très bien comment les choses fonctionnent pour le droit d’asile…
D’ailleurs, ceci a été assez bien résumé par le Britannique Douglas Murray, dans son livre L’Étrange mort de l’Europe, que je vous conseille. L’auteur a visité des camps de migrants, à l’époque de la crise migratoire de 2015, en Italie et en Grèce. En fait, parmi les personnes qui arrivaient, demandeurs de droit d’asile, il y en avait beaucoup à l’époque qui n’étaient pas du tout syriens. Ils arrivaient et expliquaient ne pas avoir de papiers, fuir la guerre, être persécutés, etc. Et donc, n’ayant pas de papiers, ils peuvent donner n’importe quelle identité, et c’est invérifiable. Et donc là, je ne sais pas, je subodore, mais il est possible que cette personne ait donné une identité en Suède et une autre identité en France, ce qui fait qu’il a pu faire une demande de droit d’asile à la fois en Suède, qui l’a acceptée, et en France, où elle a été refusée.
Mais tout ceci avec un contrôle aux frontières, encore une fois, ne serait pas arrivé si les contrôles étaient sérieux. Du moins, le risque aurait été nettement diminué. Et c’est là qu’il y a une responsabilité écrasante de toute la classe politique depuis trente ans qui a laissé faire, et évidemment par soumission à l’Union européenne qui a elle aussi laissé faire cette immigration délirante et incontrôlée.
Tout ce qui a permis le développement absolument délirant du droit d’asile, toute la réglementation européenne, a été signé et validé par Les Républicains.
F. P. — Comme à chaque drame, les politiques défilent, chacun y allant de son commentaire appelant tantôt au recueillement, tantôt à la prise de conscience… Mais personne pour pointer la véritable racine du problème : la réglementation européenne en matière d’immigration. Comment expliquer cet assourdissant silence ?
Ch.-H. G. — C’est le cinéma habituel : il pourrait faire rire si les conséquences n’étaient pas aussi terribles. C’est absolument rageant et révoltant. « J’apprends avec horreur » ; « Toute ma compassion » ; etc. Évidemment. Tout le monde a de la compassion, tout le monde est horrifié. Ce n’est pas la question. La question, c’est celle des responsabilités. Nous allons encore avoir droit aux pleurs, aux fleurs, aux bougies et aux marches blanches. C’est comme cela depuis des années. Mais derrière, où sont les actes ? Il n’y en a aucun, parce que les responsables ne veulent pas bouger, par soumission à l’Union européenne. L’inaction migratoire est un crime contre la sûreté des Français !
J’ai même vu — comble du culot ! — certains macronistes comme Édouard Philippe parler des accords bilatéraux de 1968 entre la France et l’Algérie. Pourquoi ce monsieur, ancien Premier ministre, n’a-t-il rien fait quand il était au pouvoir ? Les Républicains osent expliquer qu’il faudrait faire quelque chose contre l’immigration, devenue délirante, contre le droit d’asile, qui a été dévoyé… Évidemment qu’il a été dévoyé ! De quelques milliers de personnes dans les années 1970, nous voilà à plus de 100 000 personnes par an, ce n’est évidemment pas gérable. C’est une filière d’immigration à part entière.
Donc les Républicains (et l’UMP à l’époque) sont bien gentils, mais quand ils étaient au pouvoir, ils n’ont pas remis en cause les traités précédents, notamment le traité d’Amsterdam. Ils ont signé par la suite toutes les directives concernant le regroupement familial, en 2003 quand ils étaient aux affaires, la directive retour dont je parlais précédemment, ils étaient aussi aux affaires, c’était Nicolas Sarkozy… Tout ce qui a permis le développement absolument délirant du droit d’asile, toute la réglementation européenne, a été signé et validé par Les Républicains. Plutôt que de se plaindre aujourd’hui, tous ces gens-là devraient en réalité rendre des comptes.
Un référendum sur l’immigration aurait au moins la vertu et le mérite de montrer que le principal obstacle quand il s’agit de reprendre le contrôle, c’est l’Union européenne.
Évidemment que, compte tenu du fait que les immigrés illégaux n’ont rien à faire sur le territoire national et que nous n’avons pas une législation migratoire nationale digne de ce nom et qui ne soit pas influencée et sous la coupe de l’Union européenne, ces gens-là ont une part de responsabilité. Ils ne peuvent pas se défausser comme cela.
Je pense que cela va commencer à très sérieusement agacer les Français. Après l’affaire Lola et tant d’autres cas, malgré les marches blanches et les bougies, rien ne bouge. Et tant que l’on sera dans l’Union européenne, évidemment, rien ne bougera.
F. P. — Mais tous ne sont pas aussi « eurobéats »…
Ch.-H. G. — En effet. D’autres sont plus eurocritiques et demandent un référendum sur l’immigration. Je dis « très bien, pourquoi pas ? » Mais un référendum sur l’immigration serait absolument inapplicable dans le cadre de l’Union européenne. Mais cela aurait au moins la vertu pédagogique et le mérite de montrer au peuple français que le principal obstacle quand il s’agit de reprendre le contrôle, en matière d’immigration comme en toute matière, c’est l’Union européenne.
Un tel référendum sur l’immigration n’aurait de sens que s’il est couplé à un référendum sur l’appartenance à l’Union européenne.