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Souverainistes : il est grand temps de devenir responsables !
Initialement paru dans Valeurs actuelles, le 9 décembre 2024
Charles-Henri Gallois
Président de Reprenons le contrôle !
NOUS traversons, à l’échelle planétaire, un vigoureux renouveau souverainiste. La montée en puissance des BRICS et la toute récente réélection de Donald Trump ne sont que la traduction spectaculaire et concrète d’un principe simple : la souveraineté populaire, s’appuyant sur le socle commun qu’est la Nation, est la condition indispensable à toute politique de puissance, et à l’exercice de la politique tout court. Ce principe est d’ailleurs si prégnant qu’il va jusqu’à être capté par les bureaucrates bruxellois, qui déclinent la « souveraineté » sur tous les tons, espérant par ce mot rallier à l’Union européenne l’amour et l’attachement des citoyens des pays membres. Il va de soi que ce dévoiement n’est qu’un hommage sournois du vice à la vertu. En effet, la prétendue souveraineté que les tenants du centralisme bruxellois nous promettent n’est rien de moins que le rideau opaque derrière lequel ils se cachent pour mieux imposer leurs décisions à des peuples tenus structurellement à l’écart du processus. La « souveraineté européenne » ne prend son sens que pour mieux qualifier celle des élites sur le peuple. Jamais celle du peuple sur lui-même et son destin.
Depuis le référendum de 2005 nous assistons à une marginalisation du souverainisme.
En France, depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, le souverainisme, entendu comme la priorité donnée à la défense de la souveraineté et de l’indépendance nationales, est devenu la ligne de démarcation principale de l’électorat, et la ligne de crête de part et d’autre de laquelle se construisent et se répartissent implicitement les identités politiques. En dépit de cette position centrale, les partis purement souverainistes, c’est-à-dire se définissant ouvertement comme tels, ne parviennent pas à développer leur électorat. Ainsi, depuis le référendum de 2005, dernière grande victoire de l’électorat souverainiste, nous assistons élections après élections à une marginalisation de ce courant, en particulier dans sa version radicale, qui, pour respectable qu’il soit dans son objectif, s’installe dans une impasse mortifère, laquelle au bout du compte sert plus nos adversaires que le pays. Les chiffres sont éloquents.
ÉLECTIONS EUROPÉENNES
— En 2014, le bloc des formations Nicolas Dupont-Aignan et François Asselineau réalisait en cumulé 4,23 %.
— En 2019, ce score cumulé montait à 5,33 % en ajoutant Florian Philippot
— En 2024, et malgré la participation additionnelle de Georges Kuzmanovic, qui a rassemblé 0,06 %, le score cumulé s’effondre à 2,01 %.
ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
La tendance à l’élection présidentielle est identique :
— En 2017, ce bloc pesait 5,80 %.
— En 2022, il tombait à 2,06 %.
Les chiffres ne mentent pas !
Je ne peux plus me contenter de jouer les intermédiaires dévoués en quête d’une unité dont nul ne veut.
Cette radicalité vis-à-vis de l’UE, j’en suis moi-même issu : je l’ai toujours respectée, et je n’en renie rien. Cependant je constate la stérilité du combat dans lequel elle s’enferme, et déplore amèrement l’absence de stratégie et d’entente des différents chefs de file de ce camp. Depuis sa création le 14 juillet 2020, le mouvement Reprenons le contrôle ! a œuvré sans relâche au renouveau du souverainisme en France. Nous avions espéré qu’une stratégie nouvelle, centrée sur l’obtention de la tenue d’un référendum sur l’appartenance de la France à l’Union européenne, permettrait l’élévation du débat et la mise en sourdine des querelles stériles et des conflits de personnes qui l’agitent. Il n’en a, hélas, rien été, ou presque : les figures de proue historiques du souverainisme continuent à se refuser de faire cause commune. Chacune reste malheureusement enfermée dans ses convictions et persuadée de la justesse de sa stratégie et de son discours, se confortant dans un purisme et un clientélisme qui décrédibilisent notre cause et enraie notre élan plus qu’il ne porte la voix de ses adhérents.
En tant que président de ce mouvement responsable, composés de militants aguerris, fidèles à son mot d’ordre comme à l’intérêt supérieur de la Nation, je ne peux plus me contenter de jouer les intermédiaires dévoués en quête d’une unité dont nul ne veut. Au contraire, sensible à la marche rapide des choses, au dépérissement inéluctable du macronisme, mais aussi à la situation d’urgence absolue dans laquelle la France se trouve plongée, que cela soit dans les domaines financiers, industriels, commerciaux ou en matière d’immigration, de sûreté publique et de déclassement dont sont menacés des pans entiers de la société, sans parler de la guerre qui frappe à nos portes, je considère qu’il faut passer à l’action, et rapidement.
Le Rassemblement national est le premier parti des souverainistes, et de très loin.
J’appelle ainsi les souverainistes à agir de façon responsable, en se mobilisant concrètement pour enrayer par tous les moyens notre chute avant qu’il ne soit trop tard.
J’ai, il me semble, montré la voie à l’occasion des récentes élections législatives anticipées. En acceptant l’investiture du Rassemblement national dans la 1re circonscription de la Nièvre, j’ai pu réunir sur ma personne le plus haut suffrage populaire jamais obtenu par un souverainiste dans ce département, ne manquant que de peu d’être élu député. Ceci est une preuve que l’électorat est prêt pour un discours de rupture, pour peu que cela s’inscrive dans une approche programmatique plus globale et dans la construction d’une légitimité qui ne soit pas uniquement assise sur une pure radicalité stérile. Car enfin, qu’on le veuille ou non, le Rassemblement national est le premier parti des souverainistes, et de très loin, ce que confirment tous les sondages depuis des années. N’oublions pas que le RN s’est aussi toujours opposé aux transferts de souveraineté et s’est opposé à tous les traités de l’UE.
Tandis que les figures de proue du souverainisme se refusent à choisir leur champion, les électeurs souverainistes, eux, ont choisi leur parti, et ce n’est aucun des leurs. Il nous appartient donc, avec pragmatisme, de mettre en accord notre stratégie avec la réalité et d’accompagner notre électorat naturel sur son terrain plutôt que d’attendre de lui qu’il nous suive sur le nôtre. Depuis trop longtemps, les lendemains d’élections amènent à expliquer des échecs rudes plutôt qu’à construire un chemin vers le triomphe de nos idées.
Seules des avancées concrètes permettront la prise de conscience de la population.
Cette tactique électorale ne modifie en rien l’objectif stratégique qui nous anime. Au contraire, elle la sert, puisque le bloc majoritaire qui se dessine autour du Rassemblement national formerait une chambre d’écho formidable à nos idées, souvent mal comprises du grand public. Cela constituerait le véhicule le plus puissant pour mettre en œuvre notre solution référendaire : les nombreux points de blocage avec l’UE étant incompatibles avec les mesures souverainistes du programme du RN. L’intérêt national imposera ainsi cette confrontation avec l’UE que ce soit dans les domaines budgétaires, énergétiques ou migratoires.
Soyons lucides, le « grand soir souverainiste » ne se produira pas. Seules des avancées concrètes, obtenues pied à pied dans le cadre du jeu parlementaire, débouchant sur un souverainisme de fait, permettront la progressive prise de conscience de la population et le sursaut collectif auxquels nous aspirons tous, parce qu’elles auront démontré toute la pertinence de nos idées.
Intégrer ce bloc majoritaire doit donc devenir une priorité pour tout souverainiste conséquent. Le souverainisme est une conviction, pas une paroisse. Se coaliser au profit du souverainisme bénéficiera à tout notre bloc puisque notre poids en son sein fera aussi sa force, quand se profilera le bras de fer avec l’UE. J’encourage donc les adhérents et sympathisants de tous ces mouvements à ne plus perdre de temps et d’énergie dans une radicalité stérile, sur tous les sujets, qui nous isole plus qu’elle ne nous rassemble. Afin de peser ensemble et de faire progresser concrètement nos idées, je les invite à rejoindre Reprenons le contrôle !, qui s’inscrit électoralement dans le bateau amiral du souverainisme que sont le Marinisme et le Rassemblement national. Il y va de la survie de la France, et de la crédibilité du souverainisme.
Charles-Henri GALLOIS