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Tribunes de militaires : c’est aux Français d’agir… par les urnes !
DIMANCHE 9 mai, le journal Valeurs actuelles a publié une deuxième tribune de militaires, d’active cette fois-ci. Selon ses propres auteurs, anonymes, il s’agissait de répondre et de venir en soutien à une précédente tribune publiée le 21 avril dans le même journal, mais écrite plus tôt.
Toutefois, il ne s’agit pas de la première tribune d’intérêt publiée en cette année 2021 par des militaires. Le 11 mars, dans une lettre ouverte au secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, plusieurs officiers des armées répondaient au projet « OTAN 2030 », publié le 18 février, qui redéfinit les missions, la doctrine et l’organisation de l’alliance militaire.
Hélas, comme à l’accoutumée dans notre société du choc instantané, cette tribune est largement passée inaperçue, son sujet prêtant nettement moins au buzz médiatique et à la polémique.
Ces tribunes relèvent des signes inquiétants de délitement de notre société. Elles ne peuvent être moquées.
La polémique ne doit pas masquer l’enjeu
L’existence même de ces tribunes, quel que soit leur contenu, témoigne de la situation alarmante de la France tant en ce qui concerne ses affaires étrangères que sa situation politique et sociale. Aurait-on imaginé, il y a dix ans, que des militaires puissent, publiquement, prendre leur plume pour alerter à grand bruit sur la situation de notre pays ?
Ces constats cinglants, nous les partageons sur le fond. On peut débattre des solutions à y apporter. Personne, sauf aveuglement, naïveté ou cynisme, ne peut nier la gravité de la situation et le péril qu’elle fait courir pour la paix civile et la stabilité du pays.
La forme laisse entrevoir pourtant une parole maladroite — dans la deuxième tribune — qui ne pouvait que susciter l’indignation. Cette réaction, qui n’a rien d’anodin, restait prévisible. Dès lors que ses rédacteurs et signataires ont fait le choix d’entrer dans le champ politique, ils ne pouvaient s’avancer sans subir les foudres de la critique. Le débat démocratique est ainsi fait.
En faisant le buzz, la portée du message passe inaperçue.
Leur malheur fut de saupoudrer équivoques et zones d’ombre qui amoindrissent la portée politique du message au profit, peut-être involontaire, d’une communication à grand bruit stérile. Une telle polémique englobe la gravité des enjeux soulevés, au point où l’on ne les voit plus.
En faisant le buzz, la portée du message passe inaperçue. Un coup d’épée dans l’eau, que la troisième tribune essaie tant bien que mal de rattraper.
Parler de la délinquance dans les zones urbaines connaissant une explosion de la violence quotidienne, danger réel et en extension, sous l’expression de « hordes de banlieue » est une inutile provocation. Nos concitoyens ne peuvent que la rejeter. Certes excédés, les Français ne consentiront jamais à la maladresse d’une telle expression, qui confine à une animalisation.
Il faut faire preuve d’une particulière mauvaise foi pour affirmer que la tribune du 21 avril appelle, explicitement, les armées au putsch contre les institutions. Il faut néanmoins faire preuve d’une égale mauvaise foi pour refuser de voir que l’action peut être envisagée.
Restons patriotes et démocrates avant tout
Justement, vu les périls qui nous guettent, nous devrions chercher à protéger ces tribunes des récupérations politicardes.
Récupérations qui proviennent des candidats les plus cyniques, ceux qui ne veulent pas vraiment de changements mais qui surfent sur la vague pour maintenir leur entreprise. Les opposants de papier, comme le Rassemblement national, ceux qui dorment pendant que les libertés publiques sont remises en question avec le passe sanitaire, ceux qui feignent de concurrencer la majorité en place pour alimenter leur petite boutique, ceux qui acquiescent aux décisions de l’Union européenne les plus destructrices pour notre système de santé.
Notre respect pour l’armée, ses soldats, les civils qui concourent à sa bonne tenue, est immense.
Nous connaissons la qualité de notre outil militaire, qui tient en bonne partie sur la qualité de ses recrues, de ses sous-officiers, de ses officiers.
Les gouvernements successifs se sont servis de nos soldats comme de variables d’ajustement budgétaire.
Nous n’acceptons pas qu’un membre du gouvernement de la République française salisse l’honneur de ces hommes, et ainsi de la France, en les qualifiant « d’officiers en charentaises » alors qu’ils sont prêts à donner leur vie pour notre pays.
Nous les soutenons lorsqu’ils subissent les attaques injustifiées et honteuses de quelque responsable politique en mal de notoriété. Nous dénonçons le fait que les gouvernements successifs ont profité de la réserve de nos soldats pour se servir de leurs unités, de leur ravitaillement, de leurs équipements, comme de variables d’ajustement budgétaire.
Nous nous taisons par gratitude et gravité en apprenant la perte de ne fût-ce qu’un seul de nos hommes, que ce soit sur le sol de notre patrie ou sur un théâtre lointain. Que nous supportions ou non l’engagement de nos forces sur ledit théâtre.
Nous ne doutons pas que ce qui afflige nos soldats, nos officiers, revient à ce qui nous afflige nous-même : l’impuissance croissante et consentie de l’État, le renoncement à la souveraineté, la faiblesse de la réponse aux problèmes soulevés, l’inféodation aux intérêts des États-Unis.
La solution ne peut se trouver que dans le peuple.
Toutefois.
Si nous ne désirons — comme les auteurs de ces tribunes — sûrement pas la guerre civile, nous réprouvons également toute ambition de coup d’État de certains, de même que les aspirations à l’insurrection civile de certains membres de La France insoumise. Car, lors de ces événements-là, c’est avant tout le peuple qui trinque.
Ne pas exclure d’emblée qu’il puisse y avoir d’intervention sans demande du pouvoir civil fut au mieux une erreur maladroite, au pire une grave faute politique.
Reprendre le contrôle de notre avenir, resté sans direction par les incuries successives de gouvernements rivalisant d’impuissance n’a rien d’une chimère. Si l’on est sincèrement démocrate, comme nous le sommes, la solution ne peut se trouver que dans le peuple. Elle ne peut se trouver que dans sa capacité à décider par lui-même, en toute indépendance.
C’est aux Français de décider et d’agir
La première tribune, reproduisant une lettre au secrétaire général de l’OTAN, est pour nous la clé. La France souffre de ne plus être maîtresse d’elle-même, de se placer à la remorque d’intérêts qui ne sont pas les siens. D’être ainsi contrainte de soutenir ceux qui, sur notre sol, alimentent la division et le terrorisme.
Les institutions ne se sont pas mises seules dans cette situation. Des élus timorés, des représentants compromis, des gouvernements, quelle que soit la majorité, satisfaits de ne plus assumer leur responsabilité, de conduire tranquillement la France à son déclin, sont les premiers à désigner.
Devant ce mélange de pusillanimité et de dilettantisme, il ne reste plus aux Français qu’à décider eux-même de leur destin.
Agir, il le faut. Pour agir, il faut pouvoir agir. L’armée, quand elle dénonce dans sa lettre sur le projet OTAN 2030, est dans son rôle, celui que lui donne la République, celui que lui donne la France. Il faut disposer des leviers que notre inclusion dans l’OTAN et que nos engagements européens nous ôtent. Pour refuser, comme le montre la tribune du 11 mars, l’escalade dans l’animosité avec la Russie. Pour refuser de jouer le jeu des hégémonies croisées, avec la Chine ou les États-Unis. Pour retrouver ce rôle d’équilibre que le général de Gaulle avait rétabli et que la France a toujours porté.
Identifier un problème ne suffit pas.
Ceci n’est qu’un exemple, loin des citoyens. Leurs difficultés plus quotidiennes, nos difficultés plus quotidiennes, l’insécurité, le communautarisme galopant ou le chômage de masse ne seront pas résolus par les mêmes réponses certes, mais par les mêmes leviers : le contrôle de notre pays et de ses institutions.
Cessons d’attendre, comme citoyens, que l’aide nous vienne tantôt de l’étranger, tantôt d’un coup de force, comme par l’armée. Pour nous, la démocratie a encore un sens, celle du citoyen décisionnaire. Nous ne nous soumettons pas à l’injonction latente qui consiste à voir dans l’abstention de l’action politique la seule voie.
Identifier un problème ne suffit pas, il faut pouvoir se saisir des instruments de la puissance publique.
Pour cela, trois mots suffisent : reprenons le contrôle.
Killian SCHWAB
pour Génération Frexit
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