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Premier versement du plan de relance de l’UE : quels sont les pièges cachés ?
Front populaire
20 août 2021
Charles-Henri Gallois,
Président de Génération Frexit
COCORICO ! La France a reçu le premier versement de l’Union européenne de 5,1 milliards d’euros du fameux plan de relance. Ursula von der Leyen a eu la primeur de l’annonce sur Twitter puisque cela est censé être un généreux don de l’UE envers la France. Selon elle, « le soutien de #NextGenerationEU à la France devient concret ».
Bien entendu, cela a été également relayé en grande pompe par Emmanuel Macron, le propagandiste en chef de l’UE Clément Beaune et une large partie des médias. Il fallait remercier l’UE. Emmanuel Macron a même vanté « la solidarité européenne en action pour la reprise et la transformation de nos économies ». Rien que ça.
Aujourd'hui, nous recevons la première contribution européenne au plan de relance de la France, avec 5,1 milliards d'euros. Voilà la solidarité européenne en action pour la reprise et la transformation de nos économies. https://t.co/NgUkw34ckg
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 19, 2021
Passons déjà sur le délai ridicule. Un plan de relance digne de ce nom aurait dû être activé dès la levée du premier confinement, soit le 11 mai 2020. Au lieu de cela, le tout premier versement est arrivé le 20 août 2021, quinze mois plus tard ! Toute l’agilité et la flexibilité de l’UE est résumée avec ce délai de quinze mois.
Le premier montant reçu est lui aussi risible. Nous parlons de 5,1 milliards d’euros alors que la récession en France en 2020 était de près de 135 milliards d’euros. Le montant est tout aussi insignifiant que le délai de perception est ridicule.
Cela étant dit, quand on se penche sur les conditions de ce plan de relance et les pièges cachés qui s’y trouvent, ces considérations de délai et de montant paraissent anecdotiques. C’est dire.
Contrairement à la propagande d’une Union européenne généreuse, solidaire et désintéressée avec ce plan de relance, les détails promettent un enfer pour la France, comme je l’avais déjà expliqué lors d’articles précédents.
Les 5,1 milliards € proviennent-ils vraiment de l’UE ?
Il y a tout d’abord le montant versé. La France va percevoir au total 40 milliards d’euros, mais est-ce vraiment l’UE qui va nous verser ces montants. Légalement, oui. Mais d’où provient l’argent ?
Il provient d’un emprunt global de l’UE pour 750 milliards d’euros. Au niveau de la structure, il se décompose en deux volets : des prêts aux pays pour 360 milliards d’euros, et des « subventions » pour 390 milliards d’euros.
Les prêts devront en réalité être remboursés par les pays qui les contractent. Ce n’est donc pas de l’argent gratuit. Ces prêts sont en revanche garantis par les États membres. La France garantira environ 17,4 % de ces prêts mais n’en verra pas un seul centime, comme c’est aussi le cas de l’Allemagne. Par conséquent, nous garantirons pour 63 milliards d’euros de prêts vers des pays qui pourront faire potentiellement défaut.
Le volet des « subventions » est celui dont on parle pour le premier versement reçu par la France. Sur les 390 milliards d’euros, la France va donc devoir en payer 68 milliards en ce qui concerne le capital. En ajoutant les intérêts qui seront payés, c’est environ 80 milliards d’euros que la France devra payer… pour n’en recevoir que 40. C’est un peu comme si je vous donnais un billet de 200 euros, vous m’en rendez 100, et je devrais vous dire merci !
La BCE reconnaît que ce sont les États membres qui paieront, de même que le Sénat, qui évoque un coût de 2,5 milliards par an.
Certains eurolâtres évoquent la piste de ressources « propres » de l’UE pour financer cette somme, laissant entendre par là que les États membres ne paieront rien. Cette idée est fausse et montre bien la vision Bisounours voire malhonnête de ces gens. Les ressources « propres » ne sont rien d’autre que des taxes européennes collectées par les États membres. Cela revient en fait à siphonner la base fiscale des États en colorant le tout du drapeau bleu aux étoiles d’or. Cette manipulation comptable a d’ailleurs déjà eu lieu en 2010 lorsque les droits de douane et les taxes sur le sucre sont devenus une ressource propre de l’UE. Cela permet de faire baisser artificiellement la contribution des pays à l’UE et son coût direct.
Les eurôlatres évoquent tour à tour les taxes GAFA, les taxes carbone aux frontières ou les taxes sur les transactions financières. Le projet de taxe numérique, ou taxe GAFA, a déjà été gelé jusqu’en octobre à la demande des États-Unis. Quiconque connaît l’Allemagne sait qu’elle se couchera à la fois au sujet des taxes carbone et de la taxe numérique face à la Chine ou aux États-Unis si cela risque de menacer son excédent commercial. De même pour les pays de l’Est. En sachant qu’il faut l’unanimité pour instaurer une taxe dans l’UE, cela paraît très compliqué. Pour les taxes sur les transactions financières, on voit mal le Luxembourg, les Pays-Bas ou l’Irlande accepter un tel projet. C’est le fantasme de la taxe Tobin depuis 1972. Il est donc très peu probable que ces projets voient le jour, et on voit de toute façon mal comment de telles taxes couvriraient 750 milliards d’euros.
La BCE reconnaît d’ailleurs que ce sont les États membres qui paieront, de même que le Sénat, qui évoque un coût de 2,5 milliards par an sur trente ans pour les finances publiques.
La BCE reconnaît également que le plan de relance de l'UE coûtera de l'argent aux Français contrairement aux mensonges d'@EmmanuelMacron .
— Charles-Henri Gallois ???????? (@CH_Gallois) September 23, 2020
C'est le pire accord possible pour la ???????? qui paie pour maintenir un système de l'euro et du marché unique qui nuit.https://t.co/YtVgIGt5aA pic.twitter.com/DKq5R0Qp4G
???? Le Sénat reconnaît le coût du « plan de relance » de l'UE ???????? pour la France ???????? !
— Charles-Henri Gallois ???????? (@CH_Gallois) May 1, 2021
2,5 Mds € sur 30 ans ➡️ coût 75 Mds €.
C'est très proche de mon estimation de 80 Mds € que je donne depuis des mois.
Les mensonges des @CBeaune et autres VRP de l'UE officiellement révélés. pic.twitter.com/8szGc2fdfy
Ces 40 milliards, en avons-nous la libre utilisation ?
Certains pensent aussi que les 40 milliards d’euros reçus sont comme un don et que nous pourrons en faire ce que nous voulons. Cela ne marche pas du tout comme cela.
La France n’a même pas la libre utilisation des 40 milliards d’euros puisque les secteurs d’investissement et les projets doivent être validés par l’UE. Pour reprendre l’image précédente, je vous donne 200 euros, vous m’en rendez 100 et vous me dites en plus ce que je peux faire de ces 100 euros. Vous vouliez vous faire plaisir et acheter du caviar, de la vodka et des cerises. On vous rétorque que cela ne pourra être que des petits pois, du jus de pomme et des raisins. C’est exactement le concept du plan de relance de l’UE.
Concrètement, les secteurs autorisés sont le numérique, la transition écologique — d’après les critères de l’UE —, réparer et revitaliser le Marché unique et augmenter la résilience de la santé.
Si vous voulez augmenter de façon importante les rémunérations des personnels soignants ou investir dans le nucléaire de nouvelle génération, cela sera très compliqué car ces dépenses ne sont pas incluses dans les objectifs du plan de relance. Le volet santé vise à relocaliser certaines productions tandis que celui sur la transition écologique favorise une vision allemande comme on le voit pour la taxonomie « verte » où l’Allemagne milite pour exclure le nucléaire. D’ailleurs dans le plan national de relance et de résilience (PNRR), l’éolien, le solaire ou l’énergie hydrogène sont évoqués mais à aucun moment le nucléaire.
On ne vous rend que la moitié de votre argent et vous ne faites pas ce que vous voulez avec lui.
Réformes du chômage et des retraites au menu
Il n’est pas anodin qu’Emmanuel Macron ait évoqué la réforme des retraites dans son discours d’annonce du passe sanitaire le 12 juillet 2021. La réforme des retraites passait au second plan pour le grand public avec la bombe du passe sanitaire étendu mais Emmanuel Macron doit donner des gages à l’UE pour obtenir les versements du plan de relance. Ce plan de relance exige des contreparties. Vous donnez 200 euros, on vous en rend 100 en vous disant comment vous devez les dépenser, et on exige par ailleurs de revoir les règles de fonctionnement de votre couple. Cela commence à faire beaucoup.
On a vu évidemment des propagandistes défendre le contraire, tel le député LREM Pieyre-Alexandre Anglade ou même RTL. C’est à croire qu’ils n’ont pas seulement pris la peine de lire l’accord du plan de relance. En effet, dans celui-ci, il est clairement dit que les plans de résilience que doivent présenter les pays pour obtenir les fonds doivent être cohérents avec les « recommandations » par pays, en particulier les cycles 2019 et 2020.
Les recommandations dont ils parlent sont les fameuses « grandes orientations des politiques économiques » (GOPÉ) prises dans le cadre du Semestre européen. À l’occasion du Conseil européen de Göteborg des 15 et 16 juin 2001, les GOPÉ ont été définies par les États membres comme servant de « cadre de définition des grands objectifs politiques ». Leur caractère coercitif a été renforcé après l’adoption du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de 2012. Or quelles étaient les demandes pour la France en 2019 ? La réforme des retraites !
Il en est de même pour la réforme de l’assurance-chômage, qui date des GOPÉ 2016 et qui a été retardée par la crise du Covid-19.
Ce n’est donc pas du tout une surprise de retrouver la réforme des retraites et celle de l’assurance-chômage dans le plan national de relance et de résilience (PNRR) envoyé à l’UE le 29 avril 2021 dans le cadre du plan de relance de l’UE.
La date est plus vague pour la réforme des retraites. Emmanuel Macron se laisse de la marge avec l’élection présidentielle de 2022 qui arrive. Une chose est certaine, s’il ne la fait pas avant la présidentielle, elle arrivera juste après pour pouvoir « bénéficier » des futurs versements.
En Espagne, les politiciens ont au moins le mérite de ne pas mentir, comme le font Clément Beaune ou Pieyre-Alexandre Anglade. Ils exposent clairement les choses. Le ministre socialiste de la Sécurité sociale, José Luis Escrivá, explique dans le quotidien El Mundo que « la réforme des retraites est fondamentale pour accéder aux fonds de l’UE ».
À de telles conditions, même un demeuré n’aurait pas signé. Emmanuel Macron l’a pourtant fait.
En résumé, le plan de relance de l’UE est le pire accord de l’histoire pour la France. Nous allons payer 80 milliards d’euros pour n’en recevoir que 40. Nous n’avons pas la libre utilisation de ces 40 milliards. En contrepartie de ces 40 milliards d’euros, nous nous voyons imposer des réformes par l’UE telles que celles de l’assurance-chômage et des retraites. À de telles conditions, même un demeuré n’aurait pas signé. Emmanuel Macron l’a pourtant fait.
La France aurait pu parfaitement se financer elle-même plus rapidement et à un coût bien inférieur. Comme pour l’acquisition des vaccins, le choix idéologique de passer par l’UE nous coûte cher et nous ralentit. On peut même légitimement se demander si cet engagement jusqu’à 2058 n’est pas fait pour essayer de lier encore plus la France à l’UE et rendre virtuellement plus difficile un éventuel Frexit. Je pense pour ma part que plus nous restons, plus le coût de notre appartenance à l’UE et à l’euro sera exponentiel. Il est essentiel de reprendre le contrôle. C’est en tout cas aux Français d’en décider. C’est pourquoi il est urgent d’obtenir coûte que coûte un référendum sur notre appartenance à l’UE.